Rencontre avec Stephanie Cruzado au Salon du Chocolat 2016
Portrait
novembre 22, 2016

Rencontre avec Stephanie Cruzado au Salon du Chocolat 2016

Rencontre avec Stephanie Cruzado au Salon du Chocolat 2016

Les vendanges à peine terminées, les vignerons s’attellent à une nouvelle étape marquée par l’entrée dans l’hiver et la période des fêtes de fin d’année. À l’occasion du Salon du Chocolat qui s’est tenu à Paris à la fin du mois d’octobre et auquel le nouveau concept événementiel des vins de Bordeaux s’est associé, nous sommes partis à la rencontre de trois professionnels de la filière viticole bordelaise : ils nous ont confié leurs impressions sur cette nouvelle saison qui s’annonce…

Chargée des ventes au sein du Château Reignac de Tizac à Saint-Gervais, Stéphanie Cruzado, enthousiasmée par la récolte qui vient de s’achever, s’apprête à écumer les salons pour promouvoir la diversité et l’originalité des vins du domaine. Un marathon qui devrait la mener Outre-Atlantique…

lapin en chocolat

Pouvez-vous nous dire un mot sur votre domaine?

Même si la frontière n’est pas loin avec les Côtes de Blaye et Côtes de Bourg, le Château Reignac de Tizac est situé en appellation Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Le domaine possède 110 hectares de vignes et regroupe trois châteaux : Château Reignac de TizacChâteau Geneau et Château Bel-Air-La-Clotte.

C’est la famille Motut qui est aux manettes depuis 3 générations, le domaine se transmettant ainsi de père en fils. Bénéficiant d’un sol argilo-calcaire, les vins qui y sont produits sont  typiques de Bordeaux, mais à ces saveurs très reconnaissables viennent s’ajouter la touche personnelle du vigneron. Par exemple, cela fait deux années de suite que nous produisons un cru 100% cabernet sauvignon. Il s’agissait d’un vin censé être élevé en barrique, du coup destiné à être associé à du merlot pour obtenir un cru bien structuré et équilibré, mais quand nous l’avons goûté avec l’œnologue Nicolas Piffre, nous avons voulu l’exploiter seul parce qu’il se suffisait à lui-même. Comme il est très fruité, l’idée était de le présenter à un concours féminin. Nous avons dès lors travaillé l’étiquette dans cet esprit.

C’est important que l’étiquette dise quelque chose de l’histoire du vin. Et nous avons gagné le prix Elle à table ! Étant de 2015, c’est un vin qui va rester tannique et qui demande à vieillir encore quelques années, mais il est déjà très facile à boire. C’est ça qui est génial : profiter d’un vin à boire maintenant et se dire qu’il est aussi possible d’attendre pour le déguster.

Comment vivez-vous cette période qui suit les vendanges ? Êtes-vous excitée à l’idée du vin qui va en être produit ? Vous sentez-vous soulagée, vidée, démunie… ?

C’est un peu tout ça à la fois ! Les vendanges, qui viennent de se terminer, se sont très bien déroulées, nous avons obtenu beaucoup de volumes et la qualité est au rendez-vous. Pour l’instant, l’ensemble de la récolte est effectué à la machine mais l’année prochaine, nous vendangerons quelques parcelles à la main pour la réalisation de cuvées spéciales. Nous sommes en agriculture raisonnée, donc nous apportons un soin tout particulier au traitement de nos vignes. Même si la fin des vendanges est toujours un soulagement, nous devons rester concentrés car arrive la période de la fermentation, du remontage, de l’écoulage, etc. Fin novembre, on pourra souffler un peu ! Enfin, nous sommes très optimistes concernant ce futur millésime.

Au début, nous avons eu peur parce qu’il a fait très chaud pendant deux mois. Du coup, le raisin ne parvenait pas à maturité, sa croissance a été, en quelque sorte, bloquée par les fortes chaleurs. Nous avons pourtant la chance de travailler sur un sol argilo-calcaire, le calcaire étant très humide permet de nourrir naturellement la vigne… Mais il a fait tellement chaud que nous sommes parvenus à un stade critique : il fallait vraiment qu’il pleuve !  Une fois les précipitations survenues, la situation s’est débloquée.

Quelles sont les prochaines étapes de votre travail ?

Mon travail va être d’aider au chai. Et puis les mois de novembre et décembre sont riches en salons événementiels sur lesquels je dois me rendre. Étant en charge du commerce avec le marché américain, je me suis rendue deux mois là-bas dernièrement et j’y retourne tout le mois de janvier. Nous mettons en place beaucoup de « tastings » à destination des importateurs. Pour les séduire, il faut être capable de bien expliquer notre production.

Le marché américain, c’est une autre mentalité. Ce ne sont pas du tout les mêmes volumes. Les Bordeaux ont la réputation d’être chers, ce qui n’est pas toujours le cas ! Par exemple, nous facturons 5 € la bouteille car nous voulons que ça reste accessible. Notre souhait est de démocratiser l’image des vins de Bordeaux. Je dis souvent que j’aimerais bien dans le milieu bordelais « désnobiser » ce côté-là.

Et dans la vigne, quels sont les soins à apporter à cette période de l’année ?

Nous entrons dans la période où toutes les feuilles vont tomber, donc nous allons pouvoir travailler la terre, la préparer pour le replantage. Nous étudions avec attention le sol parce que, mine de rien, la vigne reprend rapidement, un autre travail commence. Nous mettons la vigne dans les meilleures dispositions possibles en prévision de la saison prochaine.

Quels sont les temps forts de l’hiver?

Nous allons avoir une période d’activité intense au cours de laquelle nous mettrons en bouteille à la propriété les vins, soit de 2014 ou de 2015. Si nous avons des grosses commandes, nous allons actionner 2016. Nous avons, en effet, des clients qui veulent du vin jeune. Pour ce qui concerne le travail de la vigne, nous avons deux ouvriers spécialisés qui s’y consacrent pleinement.

Quelles sont les contraintes que peut rencontrer un vigneron durant la saison hivernale ?

La gelée. Le froid. Les mauvaises conditions climatiques en général. Avec tout ce qui s’est passé cette année, que ce soit à Montpellier, ou en Bourgogne…. Nous redoutons les épisodes de grêle. Une mauvaise météo peut nous faire tout perdre. Tout le travail investi sur une année. Moralement, physiquement c’est dur. Mais heureusement qu’il règne une bonne mentalité entre les paysans vignerons. L’entraide, c’est primordial.

Que représente, pour vous, la période des fêtes?

C’est l’occasion pour nous de mettre en valeur nos vins au travers des accords mets et vins. D’expliquer quel type de vin peut convenir à quel type de plat. De montrer qu’il existe des accords mets et vins surprenants, différents de ce que l’on a l’habitude de voir et de sortir ainsi des sentiers battus. À Noël, les gens apprécient le vin rouge sur les dindes, les viandes fortes comme du gibier, de la biche, des plats en sauce. Autant de plats avec lesquels le Bordeaux Supérieur Château Reignac de Tizac s’accorderait très bien. Élevé 12 mois en barrique, il présente une belle structure.

Il faut faire très attention à l’équilibre des saveurs entre le vin et le plat. Avec le chocolat, plus le vin sera tannique, corsé, plus il faudra choisir un chocolat noir, à partir de 70% de cacao. Le chocolat au lait se marie davantage avec des vins rouges fruités, beaucoup plus féminins, avec moins de structure mais un bel équilibre.

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