L’hiver à Bordeaux
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février 20, 2018

L’hiver à Bordeaux

L’hiver, encore l’hiver. Et nous voici bien au chaud, calfeutrés derrière les vitres lavées par la pluie, à guetter le printemps d’un œil las.

A Bordeaux comme partout ailleurs, l’hiver est humide. Et pour cause depuis le 1er décembre, 260 millimètres d’eau sont tombés contre 80 millimètres habituellement. Un taux d’humidité qui engloutit le moral des citadins, mais n’inquiète pas trop les vignerons. « On avait besoin de pluie, il y avait un déficit hydrique, alors ça fait du bien. Ce qui est dangereux, c’est lorsque les températures remontent trop vite avec un risque de pousse précoce. Mais pour l’instant la nature est dormance » explique Paul-Arthur Bardet, des vignobles du même nom.

Photo : Château Bernateau

Dormance, voilà un mot gorgé de poésie, à mi-chemin entre dormir et romance. La sève redescend dans les racines, les couleurs se ternissent, la nature se repose. « C’est triste la vigne l’hiver, les parcelles sont grises, comme endormies… » reconnaît Astrid Jordana, propriétaire de Château Arbo.

Mais pour le vigneron, point trop de répit malgré l’hiver. « Même si l’on est loin de l’effervescence de l’été, il y a quelques travaux à faire » précise cette dernière, qui, comme tous les vignerons, profite de la nature en dormance pour tailler les vignes.

Photo : Château Margaux

La taille, un travail harassant qui peut s’étendre de novembre à la mi-mars, avant l’arrivée des bourgeons. « C’est un moment stratégique car on prépare la récolte de l’été en formant les nouveaux pieds », précise Paul-Arthur Bardet. Sur son domaine, trois à quatre personnes travaillent quotidiennement sur les 50 hectares de vignes. « Tout se fait à la main. La taille est difficilement mécanisable car chaque pied est différent. Par exemple chez nous, les mêmes personnes taillent les mêmes pieds d’année en année, afin d’optimiser la pousse» explique ce dernier.

Photo : @Vinblaye & Château La Levrette

Et l’épisode de gel au printemps dernier ne facilite pas vraiment le travail. « Pour les blancs liquoreux on est entrain de tailler la vigne, mais comme les vignes ont gelé, on a du mal à trouver des bois de taille, c’est-à-dire des bois qui ont porté des fruits et qui en redonneront cette année » souligne Jean Medeville de Château Fayau. 

A la taille s’ajoute une autre opération indissociable : celle du tirage des bois. Les rameaux taillés tombent au sol où ils seront broyés (le brûlage des sarments a été proscrit en janvier dernier en raison de l’émission particules fines). « Les sarments écrasés serviront ainsi d’humus pour régénérer la terre, et quelques ballots alimenteront les barbecue l’été prochain » reconnaît malicieusement Paul-Arthur Bardet.

Photo : Château Lynch-bages

Voilà pour les travaux des champs. Mais au chai non plus, rien ne dort. C’est l’époque du soutirage des récoltes précédentes. « On aspire le vin de la récolte 2016 contenu dans la barrique pour le mettre dans la cuve… il y restera deux ou trois mois avant sa mise en bouteille » explique Astrid Jordana.  Ainsi, les lies, déposées au fond des barriques, sont retirées. Le vin peut être mis à l’abri de l’air dans des cuves, où il sera élevé jusqu’à sa mise en bouteilles au printemps. « Et on n’oublie pas de goûter régulièrement l’évolution des vins lors des élevages… et de remplir ce que j’appelle la part des anges, le manquant absorbé par les barriques» précise Paul-Arthur Bardet.

Photo : Château de La Dauphine

En savoir plus sur la taille des ceps ? Retrouvez notre article sur ce délicat travail.

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